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Nous avons demandé aux ainés de chaque "branche" de notre famille de témoigner de leurs souvenirs de Felipa et Ignacio. 

La question que nous avons posée à chacun est toute simple : 

"Bonjour, 

Le 30 mai 2025 aura lieu le centenaire de l’arrivée de tes grands parents à Parentis en Born.

Quels souvenirs gardes tu de tes grands parents Ignacio et Felipa ?"

Voici quelques réponses qui nous ont été retournées. Mais nous en attendons d'autres. 

Et si vous aussi, vous nous confiez vos souvenirs ? Lancez vous !!!

Une comptine pour les doigts des bébés par Lucia :

  • Esté mata un pajarillo (le pouce)

  • Esté le pélo (l'index)

  • Esté le guiso (e majeur)

  • Esté puso la mesa (l'annulaire)

  • Esté se le comio (l'auriculaire), se le comio, se le comio... (chatouilles dans la paume de la petite main)

 

Souvenirs de Christiane LE FLOCH​

Je garde le souvenir de ma grand-mère Félipa comme une grande mémé ,

les cheveux tirés avec un chignon sur la nuque et une raie au milieu.

      Mes grands-parents habitaient une petite maison derrière l’habitation

d’Henriette et Pierre. Devant la maison elle avait beaucoup de fleurs , des zinnias

multicolores et des fuchias violets et roses très vifs.

      Elle m’appelait Tchiquitita et me faisait beaucoup de bises.

      J’aimais beaucoup l’odeur de pois chiches et chorizo avec des pommes de terre

qu’elle cuisinait.

      Je me souviens de sa chambre et des coussins ronds en velour de couleur violets

      Sur le buffet était posé un coquillage, elle me disait de l’appliquer

sur l’oreille et d’écouter la mer. Le coquillage provenait peut-être de Simone.

     Elle m’avait fait au crochet un ensemble très beau de couleur rose.

     De mon grand-père Ignacio: J’ai le souvenir de sa gourde et de la façon qu’il

avait pour boire, ça glougloutait dans sa gorge.

     Ce sont des souvenirs d’enfance très agréables pour moi.

Monique Barsac-Brustis

Lucia Olmos raconte à Clémence Le Floch la comptine des doigts sous le regard de sa grand-tante Nicole Amulet et de Sophie Elissondo, cousine germaine de son père Renan.

Nous n'habitions pas loin et nous allions les voir avec mes parents régulièrement.

Cependant, je n'ai pas beaucoup de souvenirs de mon arrière grand-père, juste celui où il est assis sur un banc à côté de mon papa, dégustant tous deux des fèves. Je revois aussi sa gourde...

Pour Felipa, il n'en est pas de même. Je la revois très bien avec ses cheveux bien tirés, un grand tablier noir et des bas noirs. 

Je me souviens qu'elle se plaignait de sa "cabeza" (tête en espagnol). Elle avait du mal à se déplacer et je me souviens avoir balayé sa cuisine et même lavé le sol tout en étant bien jeune.

J'aimais aller la voir. Elle m'appelait "ma petite Chiquilla". J'adorais !

Lorsque j'allais chez elle, il y avait des fuchsias devant sa porte et je jouais avec ces fleurs que je trouvais très jolies. J'en ai chez moi et des pensées furtives reviennent lorsque je m'en occupe. 

Je n'ai pas oublié non plus lorsque tonton René est décédé. Mémé était effondrée et ne cessait de dire que c'était elle qui aurait dû partir (car tatie et tonton passaient leurs vacances à côté, chez tonton Pierre et tatie Henriette) et s'occupaient d'elle, naturellement. René était très gentil et son départ a complètement changé le paysage cette famille...

J'étais jeune, mais cet accident a marqué ma vie.

Elle est partie un 24 décembre et il n'y a pas une année où je ne pense pas à elle.

On a pu admirer ses broderies magnifiques, ainsi que celles de mamie Lucia. Ce travail point par point cette patience et cette rigueur !

Comment ne pas rester admiratifs pour ces femmes qui ont eu une vie rude, des enfants rapprochés, pas de lave linge et peu d'argent ?

Les hommes n'étaient pas plus chanceux, car ils travaillaient dur physiquement. Je me souviens de l'odeur de charbon et de ses mains imprégnées de cette poussière noire. C'était impressionnant !

Comment ont-ils trouvé autant de courage pour tout laisser derrière eux et reprendre une vie dans un pays dont ils ne connaissaient pas la langue ? 

Comment ne pas penser à eux quand on voit tous ces migrants avec leurs difficultés ?

Merci à tous pour m'avoir permis de découvrir leur vie en Espagne que je ne connaissais pas.

Arlette OLMOS STOCKMANN

Les souvenirs de mes grands-Parents ? 

Le contact avec mon grand-père Ignacio était difficile car il ne parlait pas un mot de Français et comme je ne parlais pas espagnol... Ma mère était obligée de traduire.

Ma grand-mère Felipa essayait de parler français avec, bien entendu un très fort accent espagnol et des mots en espagnol car elle ne savait pas la traduction française. Elle était gentille mais ce n'était pas dans leur éducation que de faire goûter ou de garder leurs petits-enfants. Autre génération.

Christian BARSAC

Propos recueillis par Bernard Turpin le 02 janvier 2024.

Je sais qu’ils ont habité « au moulin » le long du bief à quelques cent mètres en amont de la maison qu’occupaient Saturnino et Lucia OLMOS, mais je n’en garde aucun souvenir.

Je les connais habitant « au sable », chemin de Chatry, la maison au fond, derrière celle de Pierre et Henriette. Maisons qui existent toujours, même si elles ont été réunies au début des années soixante-dix.

Je revois Felipa dans sa cuisine, sombre parce que la lumière ne rentrait que par la porte fenêtre, toujours vêtue de noir, toujours un torchon à portée de main, te faisant des « bisous » à n’en plus finir, puis essuyant une larme avec le torchon ! Douce, aimante !

Quant à Ignacio, je garde de lui une image qui date de la fin des années cinquante. Vers 10H00 ou 11H00, il prenait son vélo, accrochait au guidon un panier à commissions. Il ne montait pas sur le vélo mais le conduisait. Il allait à « l’Aquitaine », dans la rue principale, chercher quelques courses et revenait de même. C’est le vélo qui portait les commissions, pas lui.

Bernard TURPIN

Je n'ai de souvenirs que de Mémé, Felipa. Du vivant de mon père, Réné, mes parents étaient invités par l'oncle Pierre et tante Henriette à passer tout l'été dans leur maison. De fait, je côtoyais mon arrière grand-mère pendant au moins deux mois chaque été puisqu'elle résidait à quelques mètres de chez eux. Cet espace était mis à profit par mon père qui faisait livrer dès notre arrivée du sable bien blanc afin que je puisse jouer sans trop salir mes robes amidonnées. 

Dès que je passais la porte de son petit deux pièces, je la voyais, le sourire aux lèvres, atténuant la dureté de son chignon tiré bas. Elle me serrait très fort entre ses bras et me faisait plein de bisous qui sonnaient comme un chant d'oiseaux. Elle me demandait d'attendre pendant qu'elle se rendait dans sa chambre. Je la suivais malgré tout, car je savais qu'elle ouvrait une armoire de laquelle elle sortait une boite en fer remplie de gâteaux secs. C'étaient ses démonstrations de tendresse et d'amour envers moi. 

Bizarrement, je me souviens très bien d'un tonnelet posé sur le buffet de la cuisine, affublé de verres miniatures suspendus, tels les perles d'un collier. A l'époque, je ne comprenais pas bien en quoi consistait son utilité, d'autant plus que Mémé ne s'en servait jamais.

Je l'entendais parler espagnol, avec ma mère, ma grand-mère Lucia sans pouvoir saisir le sens des paroles, sauf peut-être les mots d'amour, de tendresse... C'était surement mieux. 

Véronique Moulinier

Nos grands-parents paternels, Felipa et Ignacio, habitaient rue des sables dans la maison que notre père, leur fils, Pierre avait fait construire pour eux dans la même cour que notre famille.

Cette proximité n’était pas toujours facile : nous étions six enfants, sans doute bruyants et pleins de vie. La forêt étant très proche nous y passions tous beaucoup de temps. Ignacio, souvent assis sur le seuil de la porte, nous distribuait, chaque fois que nous passions à côté de lui en courant, des coups de béret. Annie dit que c’était affectueux… Jacques et moi préférions les éviter en faisant un détour.

 Annie se rappelle que ce qui était plus désagréable, c’était les coups de canne. Je n’en ai aucun souvenir…

Felipa essayait de nous retenir le jeudi après-midi pour nous apprendre à coudre, à broder. Nous vivions cela comme une corvée à l’époque, mais ce que nous avons appris, malgré tout grâce à elle, nous a souvent été utile.

Felipa a également appris à cuisiner à Annie qui se souvient de la bonne soupe à l’ail qu’elle lui faisait quand Annie rentrait du pensionnat le week-end.

Si Ignacio et Pierre, à partir de l’âge de 12 ans, subvenaient aux besoins de la famille en travaillant comme bûcherons. Felipa y participait également en faisant des travaux de couture.

Brigitte et Annie PASCUAL

Des souvenirs , j'en ai à la pelle, ceux -là sont les plus précieux.

Les meilleurs souvenirs de mon existence sont au Moulin ancrés dans ma mémoire .

Mémé, nous allions chez toi avec Monique par le petit chemin qui longeait la rivière. Tu nous donnais une large tartine de pain imbibée de quelques gouttes de vin , saupoudrée de sucre. Dans ta souillarde, j'étais impressionnée par des morues séchées suspendues...Drôle de spectacle !

Ma très chère Mamita mia, pleine d'amour pour moi, je me souviens de tes bras qui me serraient très fort pour me faire une farandole de bisous, plein de bisous ! Tu m'étouffais presque ! J'adorais que tu me prennes sur tes genoux, ma tête appuyée contre ta généreuse poitrine, tu me berçais et me chantais des berceuses et chansonnettes en espagnol. Tu me cousais des robes et tabliers brodés, smocks et volants étaient ta spécialité. Tu fortifiais mes cheveux avec un mélange de jaune d'œuf et de rhum! Et tes pois chiches, mes enfants adorent ! Et voila que Valentin, mon petit-fils, ton arrière arrière petit-fils m'a demandé récemment: "Mamita, tu feras quand la bonne soupe avec les pois chiches? ". A travers eux tu continues à vivre..

Papi "el cazador", je te revois rentrant de la chasse avec un lièvre aux oreilles pendantes qui dépassaient de ta gibecière...je n'aimais déjà pas la chasse ! Tu m'appelais "la chica" et tu avais pour moi toutes les indulgences ! Même quand tu tentais de me conduire à l'école sur ton porte- bagages et que tu devais descendre de ton vélo pour franchir la fameuse racine sur la piste. J'en profitais pour m'échapper, faire l'école buissonnière et m'enfuir dans la forêt ! je pouvais alors vivre ma vie de sauvageonne au milieu des pins et fougères. Cela t'amusais, tu riais en disant à Mami que j'avais encore fait le "renard" ! Tu me prenais souvent sur tes genoux, je garde en moi ton sourire à jamais.

Les juges et les lois ont fait que vers l'âge de 6 ans je devais changer d'Univers et être séparée de vous.

Christiane LE FLOCH

De très bons souvenirs.

Nous habitions alors en Bretagne et nous venions pour les grandes vacances. Donc je ne les voyais qu’une fois par an.

Ma grand-mère s’occupait beaucoup de moi, elle essayait de m’apprendre l’espagnol. Elle était gentille et douce.

Mon grand-père  parlait peu, pas en français mais toujours en espagnol. Comme je ne comprenais pas ce qu’il disait,  il me donnait  des coups de béret !  Ce n’était  pas pour autant méchant de sa part.  

Roger VILTET

Propos recueillis par Bernard Turpin le 02 novembre  2023.

Mon grand-père s'exprimait peu et il gardait pour lui toutes les épreuves

qu'ils avaient subies avec ma grand-mère. Tout abandonner et tout perdre (honneur, maison, statut, biens, clientèle...) pour s'installer à Lucats et travailler en forêt, quel désarroi ! En outre il ne parlait pas un "traitre mot" de français. Une immense solitude.

Ma grand-mère a tout autant subi les mêmes épreuves auxquelles il faut ajouter la perte de son bar-épicerie, qui devait bien l'occuper. Elle était devenue simple mère au foyer. Ce commerce se situait sur l'autre rive de la rue en face de leur maison à Mojados. Ces informations m'ont été données par des personnes dans la rue, qui me connaissaient de nom, et par la commerçante du bar-épicerie.

Jean-Claude BARSAC

Propos recueillis par Bernard Turpin le 25 octobre 2023.

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